2025
première résidence du 8 au 12 / 12 / 24 à la Broussaille, Saint-Martin-Château (23), L’Erba d’Agram, sortie de résidence le 12 décembre
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Songlines – Jouer la plastique du rêve
Jean-François Favreau, Gwennaëlle Roulleau
Nos rêves sont un fil à plomb qui nous relie à la vérité de notre être, comme cette ligne verticale que suit le plongeur en apnée et sur laquelle sont indiqués les stades de profondeur franchis
Anne Dufourmantelle, Intelligence du rêve
Le rêve est, nous dit-on, un reflet déformé de « notre monde », mirage, fantasme, ou symptôme.
Nous avons décidé de jouer les choses à l’inverse, de tenir un espace-temps où la dimension du rêve est première, contredisant et contaminant cette « réalité » sur laquelle on s’entend communément et approximativement… au risque de la rendre unidimensionnelle.
Nous avons décidé de laisser notre pratique artistique, notre jeu, celui du présent des corps, de la matière du son et de l’espace des signes et du sens, se réorganiser autour de la texture du rêve et des « hasards objectifs » qui y règnent.
Sur ce chemin, nous avons rencontré la culture aborigène, « à peine sortie de l’âge de pierre » (dit Werner Herzog), qui prend plus que toute autre le rêve au sérieux en lui conférant une place centrale dans la création du monde. Dans le désert australien, les Songlines (pistes chantées), arpentent le paysage comme une topographie secrète de traces du « temps du rêve ». Dans cette culture, les rêves sont au fondement de la réalité, ils ne s’arrêtent pas aux frontières de l’individu ni de l’humain, mais se partagent et s’influencent.
Pour aller sur ce terrain, avec les outils du corps, des mots et de la musique, nous voulons nous affranchir de la perspective psychologique du rêve comme « réservoir de contenus signifiants », pour nous laisser pénétrer au contraire par ce sentiment d’une inquiétante familiarité : la joie, l’espoir, le sentiment d’espace, le goût du tragique… ce reste de la nuit, certains jours, qui reste en moi au réveil.
Pour aller dans ce sens, une piste (sans destination prédéfinie) se dessine peu à peu pour notre pratique : il ne s’agit pas de faire, mais plutôt d’inhiber ce qui se présente d’abord comme action ou réaction, de suivre le chemin de la perception/réception, d’observer le foisonnement des signes, et de laisser resurgir ce qui veut s’exprimer, comme un suintement, depuis le corps, l’inconscient, l’oreille…
Nous voudrions aussi en faire une invitation pour le spectateur, en l’installant dans un temps suspendu qui a des points en commun avec celui du rêve, un temps creux, déposé, un temps pour que le désir (re)trouve ses droits.
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L’histoire de nos Songlines commence à Lagathe en décembre 2024, par l’élaboration d’un protocole et d’un répertoire… en lien avec nos rêves, avec les pistes cosmogoniques des peuples premiers, et avec les lieux que nous traversons.
Conception, jeu au plateau, musique, dramaturgie :
Jean-F Favreau (comédien et metteur en scène formé en Europe Centrale)
Gwennaëlle Roulleau (musicienne électroacoustique, créatrice sonore)
Production : compagnie L’Homme ivre
Avec l’accueil de La Broussaille et du Site de pratiques théâtrales Lavauzelle