« Trouver son chant », texte proposé en marge de l’atelier de pratique vocale, été 2014
<< Il y a un chemin… Chaque année, au début de l’été je le descends, vers le village d’où ma famille maternelle est issue. Ce chemin est bordé de vieux tilleuls et de peupliers. Il donne sur un lac immense qui donne l’impression d’en être le prolongement. Les arbres tout autour sont dressés comme une immense mémoire du temps et des gens. Pendant l’année, je ne vois ni arbres, ni champs de chaque côté de ma route. C’est pourquoi à chaque fois, ce chemin est un point de départ, un point de départ qui m’amène à poursuivre. Quand on marche, on peut sentir le rythme de la démarche de beaucoup d’autres, qui sont passés par là auparavant. Des figures ancestrales.
Il y a là de une connaissance – et depuis que je parcours ce chemin année après année, il y a là un espoir : celui que les miens et leur descendance connaissent également ce chemin qui conduit chez eux.
Pour moi un chant ancien est un chemin, et un arbre qui s’étend jusqu’à l’horizon… c’est un pont entre ce qui fut et ce qui est. Pour que le chant soit chanté réellement, il est important de savoir qui le chante et comment. Avec quel son. Quel son ? Dans chacun de nous vit un son premier. Authentique seulement pour soi, et proche avec sa nature. C’est comme une empreinte digitale – il n’y en a qu’un et un seul. Quand vous le trouvez, vous trouvez votre force. Ce son vous construit et vous donne une impulsion considérable pour la création. C’est essentiel pour le performeur (chanteur, danseur, acteur) de trouver ce son. Il réveille les parties endormies du corps et invente l’esprit, dévoile des possibilités qui étaient inexplorées. Un tel son provoque le désir de le rejoindre, d’en devenir le compagnon. Et c’est seulement quand des vrais sons naturels se rencontrent que se forme le chant, commun à tous et en même temps individuel à chacun. C’est une véritable rencontre entre individu, au croisement. >>