Vaudou_Holidays

VAUDOU_HOLIDAYS

Programme de résidence, atelier et action artistique autour des arts du Vaudou, en Creuse. Programme mené par Fabrice NICOT et Stéphane POLIAKOV, à l’université paris 8, l’EUR ArteC, avec l’institut Grotowski, et l’ambassade d’Haïti. Avec le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

avec le Constance Social Club et les habitants de Faux-la-Montagne et alentour. 

Du 24 juin au 5 juillet 2021

Holiday : vacance, mais aussi “jour saint”, chez le metteur en scène Jerzy Grotowski, désigne un temps suspendu, d’exception, échappant à la productivité. En abandonnant le jeu social, un groupe de participants se rend disponible à de nouvelles relations extra-quotidiennes, aussi bien qu’à un travail de révélation de soi – ce que Grotowski appelle l’acte – incluant le rapport à l’autre et à la nature. 

Holy c’est aussi « whole », total, holistique, une façon de considérer qu’il se passe quelque chose quand tout l’être est engagé, en relation avec son environnement, ce qui invite à une attention redoublée aux processus les plus banals en apparence. 

Vaudou_Holidays, c’est ainsi l’organisation d’un temps de vacance par la rencontre et la vie partagée avec une communauté de praticiens du vaudou haïtien. Cette communauté, constituée en 2015 par le metteur en scène Fabrice Nicot  et son équipe, autour de la forme artistique et rituelle Traverser la barrière, est composée de six praticiens : prêtresses (mambos), chanteuses et percussionnistes, de Jacmel et Cap-Haïtien.

Nous avons un besoin urgent d’un endroit où l’on ne se cache pas (…) Je pense que ça va sortir par une petite ouverture, un intervalle, une fenêtre, une porte, que ça va pénétrer à l’extérieur.

Jerzy Grotowski, Jour saint / The day that is holy


Programme

Premier volet

Du 24 au 30 juin, une intégration du groupe de praticiens vaudou dans l’environnement du bourg de Faux-La-Montagne, dans une logique d’accueil par les habitants, sous le signe holistique de la vacance. Les pratiques artistiques et/ou rituelles y rencontreront actions élémentaires de la vie humaine et collective, afin qu’elles déteignent les unes sur les autres. Dans la culture vaudou, la cuisine, le sommeil, le rêve, le soin, l’échange, la fête, le rapport aux lieux… forment un continuum. Le rituel et/ou la fête surgissent de l’étoffe du quotidien, de ce qu’on a partagé ensemble, de ce que l’on a préparé, mangé, assemblé, tissé dans la matière et entre nous. En retour, le prosaïque est sans cesse irrigué par l’incursion du sacré dans l’espace du pratique.

Ce temps de vie commune de six jours est ouvert à tous, gratuit, sans inscription préalable, et se déroulera à Faux-la-Montagne et ses environs, mené par un collectif d’habitants de la commune, autour du Constance Social Club où des informations mises à jour seront toujours disponibles.

 

Deuxième volet

du 1er au 4 juillet, un temps d’atelier de pratique artistique sera organisé par le Site de pratiques théâtrales avec le groupe haïtien, invitant à questionner par l’expérience personnelle et collective les formes rituelles du vaudou.

Pour construire cet atelier, en regard du répertoire haïtien, le chorégraphe d’origine béninoise Vincent Harisdo, avec l’équipe du projet Accordée (dir. Nadège Ametogbe), proposera une ouverture sur les sources Vodù du mouvement dans les traditions d’Afrique de l’Ouest.

L’atelier fera aussi une place à la perception des arts vivants du Vaudou par et pour le théâtre, avec la présence d’un metteur en scène proche du travail du Workcenter de Jerzy Grotowski (en cours de confirmation).

Les soirées, enfin, permettront aux participants, mais aussi à des artistes invités, de croiser leur pratique propre avec celle des artistes haïtiens. Il aura lieu au Site de pratiques théâtrales Lavauzelle, sur la commune de Janaillat (à 50 km au Nord de Faux).

  • Le 1er Juillet, une soirée d’improvisation musicale aura lieu, avec le percussionniste Lè Quan Ninh
  • Le 2, une soirée de scène ouverte – petites formes autour du Vaudou et d’Haïti
  • Le 3, le chorégraphe Vincent Harisdo présentera sa conférence dansée autour du Vaudou béninois
  • L’action scénique/rituelle « Traverser la barrière » y sera également présentée en soirée, le 4 juillet.

  

Le Vodou haïtien

La pratique traditionnelle des arts vivants et rituels Vaudou, ou Vodou, ou Võdù, trouve son origine en Afrique de l’Ouest. Transposée à son arrivée dans les Caraïbes, du fait de la traite esclavagiste, elle devient en Haïti une ressource pour le peuple, permettant de préserver un espace hors de la société où peut se vivre la relation au monde des ancêtres, un espace où se régénère leur vie communautaire. C’est un espace où les individus s’accomplissent. Paradoxalement, mis “hors d’eux-mêmes” par la fameuse possession des esprits, les célébrants manifestent en même temps leur singularité propre, profonde, en lien très intense avec la communauté. 

Le vodou haïtien joue un rôle économique, social, politique et subversif. Syncrétisme des cultures d’Afrique, amérindiennes et européennes, devenu tradition à part entière, le vodou haïtien et ses références guerrières ont servi de socle idéologique à la révolte des esclaves déportés sur l’Île d’Hispaniola – aujourd’hui République Dominicaine et Haïti. Le vodou œuvre à la transformation sociale, car il est subversif.

Fabrice Nicot et Stéphane Poliakov, université Paris 8


Faux-la-Montagne : Invitation à nous rejoindre

Le séjour à Faux-la-Montagne sera inauguré par une fête d’accueil, autour du lac, et orienté vers un temps conclusif de célébration commune, une fête/rituel, dans les environs du village. Pour alimenter le fil de ces journées et mener à ces moments forts, nous avons choisi le canal de quelques verbes : manger, soigner, célébrer, mourir, dormir.

Les habitants du plateau de Millevaches et de ses environs mettront en partage des propositions, initiatives, expériences, questions, compétences, ou encore des recettes, en relation avec ces verbes. Ceci peut prendre la forme d’un atelier, une réalisation collective, un temps d’échange guidé, une promenade, un moment musical…

Ce temps de rencontre sera activé par les habitants du Plateau, afin de suspendre la marche des impératifs du quotidien, permettant de réinventer la relation, la mise en partage, et le rapport au temps.

Pour cela, les personnes intéressées sont invitées à nous rejoindre, en s’installant par exemple au camping de Faux-le-Montagne, et en se rendant chaque jour au Constance Social Club (à Faux-la-Montagne) où le programme du jour sera communiqué.


Ce programme reçoit le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la communauté de communes Creuse Sud-Ouest, de l’école universitaire de recherche ARTEC, l’université Paris 8, l’Institut Grotowski de Wroclaw, Pologne, et l’aide de l’ambassade de France en Haïti et de l’association Constance Social Club (Faux-la-Montange).


L’art de la danse Võdù est un langage, et ce langage s’appuie sur le concept de la transformation et de la métamorphose, qui sont les clés de la compréhension des Võdùs. La danse Võdù peut traverser la barrière de la conscience pour nous permettre d’atteindre notre être pré cognitif, profondément enfoui en nous-même. Il envisage le corps comme un « vaisseau temporel » qui transporte l’âme de nos ancêtres du passé vers le futur, et il nous encourage à convier ceux-ci à participer à notre danse présente. La danse Võdù se caractérise par l’effacement du caractère, la différenciation entre le naturel et le neutre. Le passage par le neutre est à la base du processus de transformation de l’artiste, celle qui lui permettra ensuite de faire jaillir toutes sortes de créatures cachées en lui.

Vincent Harisdo, chorégraphe